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Handicap et accessibilité

11 avril 2017

Une journée en béquilles : il reste beaucoup à faire en terme d'accessibilité des services publics

C'était il y a trois semaines tout juste et Monsieur le Maire tenait conférence de presse. Cocorico! Notre bonne ville serait le paradis en terme d'accessibilité pour les personnes à mobilité réduite. Pourtant, rien de moins sûr et j'ai eu envie d'aller voir de plus près.

Les associations locales m'ayant gentiment envoyée dans la ligne des 22 quand j'ai sollicité leur concours sur le registre "mais de quoi tu te mêles ma jolie!", j'ai décidé de payer de ma personne. Je n'avais pas le choix et je me suis donc glissée dans la peau d'une handicapée. Constat édifiant.

J'ai longuement hésitée sur la façon dont j'allais aborder le problème. Je ne pouvais sciemment simuler un handicap car d'une part tout le monde me connaît et je n'atais pas à l'abri d'une mauvaise interprétation. D'autre part, jouer la comédie du handicap me paraissait un peu injurieux pour les personnes qui en  sont affligées.

Aussi après avoir étudié toutes les possibilités, j'ai décidé de me fouler le pied. Au sens figuré bien sûr!

Cette solution m'a paru à bien des égards la meilleure. Tout d'abord parce que celà ne pouvait étonner personne puisque j'ai déjà eu deux petits problèmes de cette nature. Qu'au contraire de l'entorse de cheville, la foulure du pied, c'est à dire situé sur le pied, ne produit ni gonflement ni ecchymoses mais simplement une impotence fonctionnelle douloureuse. Que celà dure peu de temps, trois à quatre jours tout au plus, m'évitant ainsi de jouer une comédie qui serait devenue pénible au delà. Ensuite parce que fort logiquement et d'expérience, celà justifiait que je me déplace en béquilles. Et enfin parce que personne ne pouvait se douter, et surtout pas au journal, que mes divers déplacements pendant cette période et vers des services publics soient motivées par des raisons professionnelles.

Ne restait qu'à choisir la période. Je ne pouvais décemment demander à mon médecin de me prescrire un arrêt de complaisance pour justifier mon absence à la rédaction, ni risquer de me livrer à cette petite expérience par temps glacial ou a contrario par fortes chaleurs. N'ayant pas prévu d'escapade pendant ma semaine de congés de début juin, c'est donc pendant ces derniers que j'ai réalisé mon expérimentation.

Au jour J, j'étais fin prête. Tenue décontractée  d'une confortable Converse. Et les béquilles dont je me suis déjà servie deux fois et que j'ai ressorti du placard pour l'occasion. Comme vous l'avez remarqué, je n'évoque qu'une chaussure. Je n'ai en effet pas mis de chaussure au pied gauche. D'une part par souci de cohérence. D'abord parce qu'avec une entorse le port d'une chaussure est inconfortable. Ensuite parce que celà fait quand même plus vrai, d'autant que j'ai pu observer que quand une personne en béquilles se plaignant d'une entorse chausse le pied blessé, il y a une forte tendance à mettre en doute la réalité de la blessure! Enfin, je me suis souvenu que lors de ma première entorse, j'avais eu toutes les peines du monde à garder le pied hors du sol. C'est mon médecin qui m'avait conseillé de ne pas porter la chaussure et en effet, celà m'incitait à ne pas m'appuyer dessus.

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Dernier point que je tiens à préciser : je n'ai pu évidemment me photographier. De fait les photos qui peuvent émailler cet article ont été puisées sur Internet et il ne s'agit en aucun cas de moi.

Je vous remercie par avance des commentaires, critiques, constat ou suggestions que vous voudrez bien faire sur ce blog!

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La voirie : honnêtement seule l'artère principale et les petites rues commerçantes du coeur de ville se prêtent aux déplacements en béquilles. Et pour cause, la réfection date de cinq ans à peine et elle n'a porté que sur la seule zone touristique. Le revêtement est en bon état . Néanmoins j'ai noté qu'il y avait quelques signes de dégradation lente qui mériterait une intervention des services techniques municipaux : sur le boulevard les racines des arbres ont déjointé quelques dalles avec de fort risques de trébucher. J'ai noté quelques dalles manquantes sur des lieux de passage intense avec des risques évidents d'entorse de la cheville voire de chute au conséquences plus graves. Par contre, les passages destinés aux fauteuils roulants sont très perfectibles.La solution de continuité entre les trottoirs et la chaussée n'est pas assez lisse et surtout plate. Le passage n'est pas délimité et j'ai observé que des véhicules stationnaient en permanence devant ces points de passage. Même des véhicules municipaux!

Que dire des artifices de style entre la Place et le Boulevard avec des escaliers inutiles au prétexte de casser la linéraité visuelle!

Par contre et c'est un vrai point noir, les rues adjacentes sont en très mauvais état. Trottoirs inégaux, trous et bosses, remontées de racines des arbres.Même au niveau des deux entrées de l'hôpital. Pour ma part, j'ai signalé depuis six mois à trois reprises aux services de la voirie, un trou de trente centimètres de diamètre qui n'a été rebouché que trois mois plus tard et encore a t'il fallu qu'une personne s'y blesse grièvement. Rebouchage hatif au goudron. Depuis le trou s'est reformé!

Autre point : le staionnement anarchique dans certaines rues où les riverains ont tendance à stationner sur le trottoir alors qu'ils peuvent parfaitement se garer en bordure de trottoir. Il semble que ces personnes jouissent de certaines libéralités municipales pour s'annexer ainsi l'espace public. Si les contraventions pleuvent ailleurs, les dites personnes sont apparemment épargnées. Pour ma part, il m'a falleu descendre quatre fois du trottoir pour pouvoir continuer mon chemin

Le centre médical

Le hasard a fait que je me suis retrouvée en compagnie de deux jeunes patientes souffrant toutes deux d'une entorse de la cheville.

 

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Premier constat: elles poireautaient devant le guichet d'accueil depuis respectivement vingt et dix minutes sans que la fonctionnaire de permanence en grande discussion avec ses collègues ne daigne venir. S'étant décidée à faire son travail, elle les a bien tenue dix minutes pour remplir le dossier administratif.

J'ai noté qu'il n'y avait aucune possibilité de s'asseoir ni de se tenir autrement qu'en équilibre sur un pied.

Quant à moi, il ne m'a pas été demandé si j'étais en attente de consultation.

J'ai un peu échangé avec ces deux filles en prenant soin de préciser l'objet de ma présence.

Laurie (prénom changé pour l'article) m'a fait part de l'absence de signalétique dans les couloirs  ce qui l'a obligée à parcourir une bonne centaine de mètres à cloche pied dans l'établissement sans que quelqu'un ne daigne ni la diriger et encore moins l'aider.

Naïma (prénom également changé) a fait la même remarque.

Je suis restée en leur compagnie.

Une heure a passé avant qu'une infirmière vienne a leur rencontre.

Stéphanie a été prise en charge la première car elle apparaissait plus sévèrement touchée (oedème volumineux, hématome, douleur lancinante.  Il ne lui a pas été proposée de fauteuil roulant. De même que 3/4 d'heure plus tard pour Virginie.

J'ai retrouvé les deux jeunes filles à la sortie. Stéphanie plâtrée. Virginie avec une prescription pour une attelle. Incapables toutes deux de faire le moindre pas, elles ont du traverser la rue pour aller à la pharmacie afin d'obtenir des béquilles.

La sécurité Sociale

Depuis l'année dernière, la sécurité sociale (CPAM) a fermé les guichets qu'elle occupait depuis la nuit des temps. C'est tout à fait dommageable car outre la présence d'une rampe d'accès et un hall d'accueil vaste avec de nombreuses places assises, il y avait également un parking.

Au lieu de celà, c'est dans une ancienne boutique du centre-ville que la sécu s'est installée. Pas de parking à proximité, locaux exigus, peu de places assises. Il y a bien deux places de sationnement réservées aux handicapés, mais l'une est squatée en permanence par un habitant du quartier, certes détenteur du précieux macaron, mais dont l'habitude consiste à sortir sa voiture tôt le matin pour la rentrer tard le soir sans que la voiture ne bouge d'un iota tout au long de la journée. Quant à l'autre place, c'est précisément la sécu qui se l'est arrogée.

Quant à ma formalité, c'est debout sur un pied que je l'ai effectuée avec des béquilles qui ne cessaient de tomber faute de quelque chose pour pouvoir les appuyer...

J'ai quand même demandé à l'employée de faire remonter mes remarques à sa direction. La réponse : " on y réfléchira!". En clair, vas te faire voir!

La CAF

J'ai un document à déposer.

Une file d'attente longue comme un jour sans pain, peu de sièges et tous occupés.

Pas d'aménagement permettant un accès aisé aux personnes à mobilité réduite.

Je renonce au bout de quarante minutes

Zéro pointé.

La Poste

Idem

Et la mairie?

Sur le papier, çà tient les promesses du Maire...mais sur le papier seulement : rampe d'accès, places assises. Les normes sont respectées.

Mais pourquoi les six places de stationnement située à l'entrée sont elle "réservées aux services municipaux" (comme le stipule un panneau posée devant chaque emplacement) et sur lesquelles un policier municipal veille jalousement,  carnet de contraventions à la main.

Plus grave, j'ai noté la présence de la voiture de fonction du Maire. Et que jeudi jour de marché, l'épouse d'un de nos édiles, s'est fait faire place pour aller effectuer ses emplettes. Quant aux places handicapées, elle se situe à l'arrière du batiment municipal, là où justement il n'y a pas de porte d'accès, et qui plus est sur une portion de voirie en pente...

En conclusion

Dans notre bonne ville, les normes sont respectées, et çà s'arrête là.

A l'issue de mon enquête, j'ai contacté les responsables de ces services publics. Partout on m'a suggéré que les handicapés pouvaient effectuer leurs formalités sur Internet!

Quant à Monsieur le Maire, il m'a clairement invité à ne pas persévérer, ce qui a eu pour résultat d'inciter le rédac' chef à ne pas passer mon article!

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